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L’Agence africaine du médicament, vers un système de santé universel en Afrique ?

L’Agence africaine du médicament, vers un système de santé universel en Afrique ?

« Et si l’Afrique disposait d’une force de frappe pour négocier l’achat groupé de vaccins, et même fabriquer ses propres médicaments ? », voici ce que pourrait apporter l’Agence africaine du médicament, si celle-ci était ratifiée par l’ensemble des gouvernements africains.

14/09/2021 Retour à tous les articles

« Et si l’Afrique disposait d’une force de frappe pour négocier l’achat groupé de vaccins, et même fabriquer ses propres médicaments ? », voici ce que pourrait apporter l’Agence africaine du médicament, si celle-ci était ratifiée par l’ensemble des gouvernements africains. Cette Agence, dont les prémices sont nées au cours du Sommet d’Abuja en janvier 2005 qui réunissait la Commission de l’Union Africaine (UA), aspire à permettre aux africains d’accéder « à des produits médicaux et à des technologies sanitaires de bonne qualité, sans risque et efficaces ».

Pour une meilleure santé en Afrique

Développée en 2019 en tant qu’Agence spécialisée de l’UA à la suite de la rédaction du « Traité portant création de l’Agence africaine du médicament », l’Agence africaine du médicament a pour objectif principal « d’améliorer les capacités des États membres et des CER [Communautés économiques régionales reconnues par l’UA] à réglementer les produits médicaux en vue d’améliorer l’accès à des produits médicaux de qualité, sans risque et efficaces sur le continent ». Pour parvenir à la réalisation du principal objectif, sept « principes » encadrent l’Agence : « leadership », « crédibilité », « propriété », « transparence et responsabilité », « ajout de valeur », « confidentialité » et enfin, « engagement en faveur d’une saine gestion de la qualité ». Chacun de ces principes visent à promouvoir et mettre en place « des pratiques optimales » de santé publique en Afrique et surtout, assurer une qualité des produits et matériels médicaux, en respectant les normes et réglementations internationales.

« L’[Agence africaine du médicament] est l’occasion unique de voir émerger l’un des systèmes de réglementation les plus efficaces et les plus modernes au monde ». La création d’une Agence africaine du médicament trouve son origine dans une volonté d’assurer à la population africaine un accès à des « produits médicaux de qualité, sûrs et efficaces », considérés comme essentiels à la santé et à la sûreté des africains. Les États africains, à travers l’Union africaine, ont pris conscience de « la faiblesse des systèmes de réglementation » au sein de l’Afrique et de « l’existence de produits de qualité inférieure et falsifiés » nuisant aux populations et présentant un risque pour la santé publique. En effet, le continent dispose de « la plus forte prévalence de médicaments de mauvaise qualité » d’une hauteur de 20%, voire de 40% dans certains pays.

Une industrie de santé africaine, une nécessité pour le continent

Alors que l’Afrique abrite une population de 1,3 milliard d’habitants, soit 17% de la population mondiale, elle ne concentre que 3% de la production pharmaceutique mondiale. Pourtant, 25% des malades de la planète, toutes pathologies confondues, sont africains. Ils représentent également 25% de la morbidité mondiale. Aujourd’hui, le continent ne produit que 3% des médicaments consommés par ses habitants, seulement 6% de ces dépenses sont attribuées au secteur de la santé et l’Afrique représente moins de 1% du marché pharmaceutique mondial. Les médicaments sur le continent sont aussi parmi les plus chers du monde, en raison d’une multitude d’intermédiaires sur les chaînes d’approvisionnement pharmaceutiques. Le secteur de la santé est ainsi un enjeu majeur dans lequel le continent doit investir, comme nous l’exposions dans notre récent article « L'industrie pharmaceutique en Afrique : entre défis et opportunités »

Ces éléments ont par conséquent contribué à la faiblesse, voire à l’absence de systèmes de réglementations des médicaments (des politiques publiques peu claires et un cadre juridique « incomplet » ou « incohérent »). Avec l’Agence africaine du médicament, le continent pourrait inverser cette tendance et stimuler la production locale de produits pharmaceutiques : selon les perspectives et les analyses récentes, le secteur devrait passer « de 19 milliards de dollars en 2012 à 66 milliards d’ici 2022 », faisant de l’Afrique « le marché à la croissance la plus rapide au niveau mondial ». Il est également estimé que le secteur de la santé et du bien-être en Afrique « représentera environ 259 milliards de dollars en 2030, avec la possibilité de créer plus de 16 millions d’emplois ».

Se préparer aux futures pandémies 

La pandémie de la Covid-19 a inévitablement et indéniablement amplifié le besoin urgent d’une industrie de santé africaine. Selon Michel Sidibé, l’envoyé spécial de l’Union africaine pour l’Agence africaine du médicament, « l’agence ne sera pas une unité bureaucratique de plus, elle servira à réduire notre dépendance envers l’extérieur ». En effet, le continent est toujours largement tributaire des importations dans le domaine médical : par exemple, 99% des vaccins sont importés. Aujourd’hui, seul 1,6% des vaccins du monde contre la Covid-19 ont été administrés en Afrique, seuls 8 millions d’africains ont donc reçu deux doses de vaccin. Pour M. Sidibé, l’Afrique ne sera pas en mesure d’atteindre l’immunité collective avant des années. 

Le coronavirus a mis en évidence l’obligation de renforcer « la diplomatie politique en matière de santé, le leadership et la coordination au sein de l’UA ». Une telle Agence pourrait alors faciliter « les négociations de commande globales », dans de meilleurs délais et surtout, à moindre coût. « Accroître la résilience des systèmes de santé » et « mieux se préparer aux crises futures » sont désormais des priorités continentales. En outre, l’Agence pourrait être accélérée par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), qui favoriserait la création d’un « véritable marché africain du médicament » et permettrait « de réaliser des économies d’échelle pour une production continentale répondant aux besoins » des africains.

Actuellement, le Traité de l’Agence africaine du médicament n’est toujours pas ratifié par l’ensemble des États africains. Pour que le Traité entre vigueur, 15 États africains au minimum doivent le ratifier, ils ne sont aujourd’hui que 13 à l’avoir fait. 

 

Contactez Rania Khedhir, Senior Consultant en charge des recrutements en Santé pour Morgan Philips Executive Search, Africa & Middle-East.


Sitographie : 

« Traité portant création de l’Agence africaine du médicament », traité officiel, disponible ici

« L’Agence africaine du médicament : vers un cadre réglementaire unifié à l’échelle continentale », Fédération internationale de l'industrie du médicament - IFPMA, disponible ici

« Le Covid-19 va-t-il accélérer la création de l’Agence africaine du médicament ? », par Camille Lafrance, Jeune Afrique, publié le 11/02/2021, disponible ici

« Michel Sidibé : « Les apports de l’Agence africaine du médicament seront techniques et politiques » », par Camille Lafrance, Jeune Afrique, publié le 30/06/2021, disponible ici

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