20/02/2023
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Le XXe siècle et le début du XXIe se sont construits autour du salariat, qui a structuré la vie sociale et économique. La protection sociale, la capacité à accéder à un logement, une carrière, la sécurité de revenus étaient fortement liées au statut de salarié.
Depuis plusieurs années, ces contreparties à l’engagement salarié dans une entreprise s’effritent et font naitre des interrogations, notamment chez les publics les plus éduqués, les plus audacieux, les plus curieux dont les compétences sont en tension.
Plusieurs études publiées en ce début d’année mettent en évidence des changements majeurs dans la relation au travail :
- Le temps libre, l’équilibre vie personnelle/vie professionnelle sont des souhaits prioritaires,
- Le travail n’occupe plus une place aussi centrale dans la vie
- Un sentiment de rupture entre contribution et rétribution[1] s’installe.
En 14 ans s’est opérée une inversion complète des priorités entre revenus et temps libre.
Depuis 2001, l’Ifop[2] pose régulièrement la question « Préféreriez-vous gagner plus d’argent mais avoir moins de temps libre ou gagner moins d’argent pour avoir plus de temps libre ? ». Alors qu’en mai 2008, 62% des français préféraient gagner plus, et 38% faisaient le choix du temps libre, le rapport s’est complètement inversé. En septembre 2022, 61% font le choix du temps libre et 39% celui de l’augmentation des revenus. Depuis 20 ans, c’est la première fois que le temps libre est largement privilégié (en 2003 les deux propositions recevaient chacune 47% des réponses).
Même en Suisse ! Dans un sondage publié début février 2023, 68% des sondés estiment trop travailler et établissent un idéal à 3 jours de travail par semaine[3] !
Le déclin de la centralité du travail dans la vie[4].
Alors qu’en 1990, 92% des français déclaraient que le travail était important dans leur vie, et 60% très important, en 2021 86% estiment toujours qu’il est important, mais seuls 24% le jugent très important. Les loisirs ont bénéficié d’une tendance inverse. En 2021, 93% des sondés leur accordent de l’importance et 41% un rôle très important vs respectivement 79% et 31% en 1990.
Un déséquilibre contribution – rétribution
Il y a 30 ans, seuls 25% des actifs français avaient le sentiment de donner plus qu’ils ne retiraient de leur travail (salaire, considération, satisfaction…) ; aujourd’hui c’est quasiment le double (48%) qui s’estiment « perdants » dans la relation. Seuls 39% jugent la relation équilibrée (vs 54% en 1993) et 13% « gagnants » (vs 21% en 1993). Ce sentiment de déséquilibre dans la relation peut participer à expliquer l’importance accordée au temps libre.
[1] https://lesmakers.fr/francais-travail-sondage-ifop/
[2] Le rapport des Français au travail. Sondage Ifop pour l’Association des territoires pour des solutions solidaires. Sept 2022
[3] https://www.blick.ch/fr/news/suisse/un-grand-sondage-le-montre-quils-soient-de-gauche-ou-de-droite-les-suisses-revent-de-la-semaine-de-trois-jours-id18293720.html
[4] https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2022/07/Focus-232-Plus-rien-ne-sera-jamais-comme-avant-dans-sa-vie-au-travail.pdf