14/02/2024
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L'emploi des seniors en France est un sujet de préoccupation et d'intérêt croissant dans un paysage professionnel en constante évolution. Alors que la société vieillit et que les carrières s'étendent sur des décennies, l'employabilité des travailleurs seniors devient une question centrale. Face à des défis tels que les préjugés liés à l'âge, les évolutions technologiques et une compétition professionnelle qui fait rage, les seniors doivent parfois, faire « mouche » pour rester pertinents sur le marché du travail français.
Afin de briser les préjugés auxquels font face les seniors, Louise Enescaux, Practice Leader Assurance au sein du cabinet Morgan Phillips Executive Search a eu le plaisir d'accueillir et d’interviewer Marianne de Cidrac, aujourd’hui Directrice des Opérations chez IPECA (IP du secteur de l’industrie aéronautique). À travers ce témoignage, nous avons souhaité mettre en lumière les défis auxquels les professionnels seniors sont confrontés et les opportunités qu'ils peuvent saisir…
Louise Enescaux : Bonjour Marianne, pourriez-vous vous présenter brièvement ?
Marianne de Cidrac : Bonjour à tous, je suis Marianne de Cidrac. Mon parcours professionnel est ancré dans le secteur de l'assurance, où j'ai occupé diverses fonctions au fil des années. J’ai commencé par 9 ans chez Aviva (entrecoupés de 3 ans chez Cardif) sur des postes orientés Ventes Directes, Marketing direct et téléphonique. J’ai notamment pendant cette période géré un centre d’appels. Puis dès 2005, je me suis spécialisée en Gestion, Santé Individuelle dans un premier temps, puis rapidement Prévoyance (dont assurance emprunteur) et Collectives. J’ai été membre successivement des Comex Mgen, La Mutuelle Générale, Klesia et Aesio Mutuelle, en charge de la Gestion, de l’Expérience Client et de la DSI selon les organisations en place.
Louise : L'embauche des seniors suscite l'intérêt tant des candidats que des entreprises. Vous, Marianne, incarnez un exemple montrant qu'il est possible de trouver des opportunités en CDI, même à un stade avancé de sa carrière. Lors de votre dernier recrutement, vous étiez en concurrence avec des candidats plus jeunes. Qu'est-ce qui, selon vous, a fait la différence ?
Marianne : J'ai eu l'occasion de changer de fonction à trois reprises, pendant une période où j’étais déjà considérée comme sénior. Les deux premières fois, des opportunités se sont présentées à moi spontanément. Cela démontre que c'est réalisable. La dernière fois, c'était grâce à des cabinets de recrutement, une voie souvent sous-estimée pour les profils dits seniors. Je pense qu'on m'a approchée comme n'importe quel autre candidat, pour mon expérience, mes compétences et mon parcours.
Louise : Avez-vous rencontré des obstacles lors de votre recherche d'emploi en tant que senior ? Comment les avez-vous surmontés ?
Marianne : Les principaux obstacles venaient de moi-même. Le manque de confiance en moi était réel. Je m'étais convaincue que mon âge me désavantageait. Le plus difficile a été de surmonter cela. Heureusement, j'ai rencontré des recruteurs et suivi les conseils des recruteurs, notamment les vôtres, Louise, qui m'ont expliqué qu'il ne fallait pas mettre en avant cet aspect. Les entreprises recherchent l'expérience, les compétences et certaines qualités humaines, permettant de s’adapter à un nouvel environnement. Je devais rester fidèle à ma personnalité sans m'autocensurer.
Louise : Face à cela, quels conseils donneriez-vous aux profils seniors à la recherche d'opportunités ?
Marianne : Chaque cas est unique, mais je conseillerais aux seniors trois choses. Tout d'abord, interagissez avec des jeunes autant que possible. Restez curieux, évitez de vivre dans le passé en disant « c'était mieux avant ». Enfin, restez à jour sur les outils technologiques pour ne pas être distancé.
Louise : Quels avantages percevez-vous, en tant que senior, à travailler avec d'autres générations ?
Marianne : Je reviens sur l'idée que j'apporte les mêmes atouts que n'importe qui d'autre : expérience, compétences, et parcours. La différence en tant que senior réside dans moins d'enjeux personnels. Ayant déjà accompli l'essentiel de ma carrière, je me sens libre de contribuer au bien de l'entreprise et de mes collègues de manière encore plus altruiste. On peut aussi développer ses collaborateurs de manière bienveillante, en acceptant davantage de failles, et en guidant de manière plus habile que lorsque l’on est plus jeune.
Louise : Que diriez-vous à un jeune en tant que senior, Marianne ?
Marianne : J'aimerais dire aux jeunes, "écoutez les personnes plus âgées, elles ont des enseignements à vous transmettre." Je sais que ce n'est pas toujours ce qu'ils veulent entendre, mais j'ai constaté qu'avec le temps, ils reconnaissent l'apport des aînés à leur évolution. Il est essentiel que cela se fasse naturellement, car imposer son expérience n'est pas la meilleure approche. En résumé, les personnes expérimentées ont des apprentissages précieux à partager.