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L'industrie pharmaceutique en Afrique : entre défis et opportunités

L'industrie pharmaceutique en Afrique : entre défis et opportunités

L’Afrique abrite 17,2% de la population mondiale en 2020, mais seulement 3% de la production pharmaceutique mondiale. Pourtant, 25% des malades de la planète, toutes pathologies confondues, sont africains. Le secteur pharmaceutique est ainsi un enjeu majeur dans lequel le continent doit investir : accès à des médicaments abordables et de qualité et mise en place de politiques publiques et de partenariats publics-privés adaptés.

20/05/2021 Retour à tous les articles

L’Afrique abrite 17,2% de la population mondiale en 2020, mais seulement 3% de la production pharmaceutique mondiale (375 fabricants dans 37 pays africains, contre 5 000 en Chine par exemple). Pourtant, 25% des malades de la planète, toutes pathologies confondues, sont africains. Le secteur pharmaceutique est ainsi un enjeu majeur dans lequel le continent doit investir. Un accès à des médicaments abordables et de qualité et surtout, une mise en place de politiques publiques et de partenariats publics-privés adaptés, sont tous autant de facteurs nécessaires au développement du potentiel de croissance du secteur en Afrique. 

Répondre aux besoins du continent de manière viable et durable

Selon les Nations Unies, la pandémie de la Covid-19 a mis en évidence « l'insuffisance des capacités de l'Afrique à fabriquer et à fournir les médicaments essentiels et les équipements de protection individuelle (EPI) nécessaires à enrayer la pandémie ». Bien que certains pays africains comme l’Égypte, l’Afrique du Sud, la Tunisie ou encore le Maroc, produisent des médicaments et couvrent entre 70% et 80% de leurs besoins, plus de 80% des produits pharmaceutiques et médicaux sont importés sur le continent, majoritairement de Chine ou d’Inde, rendant le développement et l’implantation de la production locale difficile. 

Pourtant, dès 2007, l’Afrique, à travers le « Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique », aujourd'hui appelé l'Agence de développement de l'Union africaine - AUDA-NEPAD, avait déjà tenté d’inverser cette tendance et de ne plus dépendre de manière excessive des importations grâce au « Plan de fabrication pharmaceutique pour l’Afrique », lancé par les pays de l’Union africaine. Mais ce n’est qu’en 2012, que le Plan était accompagné de mesures et de « solutions techniques » : le « renforcement des systèmes réglementaires » et la « création d'un guichet unique d'informations, de données et de renseignements commerciaux pour les acteurs de l’industrie (gouvernements, secteur privé, communautés économiques régionales, etc) ». 

Depuis, les objectifs restent identiques : une « amélioration de l'accès, de la qualité, de la disponibilité et de l'accessibilité financière des produits pharmaceutiques » et une « augmentation des avantages économiques grâce à la durabilité, la compétitivité et l'autonomie de l’industrie ». Aujourd’hui, l’urgence réside dans le manque de « financements abordables » et « technologies modernes », qui ne permettent pas l’expansion des entreprises du secteur. 

Le privé et le public, une collaboration multisectorielle et multipartiste

Sur le continent, le marché mondial du médicament apparaît ainsi « très en retrait » du marché mondial. Pourtant, l’explosion démographique africaine et la croissance annoncée pour les vingt prochaines années sembleraient être porteuses d’un changement, comme le démontre différents projets de développement dans le secteur de la santé (cf notre précédent article sur Gypto Pharma en Égypte). Mais pour assurer une situation pérenne, le secteur public sollicite désormais de plus en plus celui privé, vu comme une alternative « aux systèmes, parfois défaillants, d’approvisionnement et de distribution des médicaments ». 

En effet, les principaux défis auxquels l’Afrique doit faire face sont ceux des « petits marchés fragmentés » et de « la faiblesse des cadres réglementaires ». Aucune entreprise ne pourrait aujourd’hui assurer la production, l’approvisionnement et les exportations à elle-seule, de médicaments et autres produits médicaux. C’est pourquoi, institutions publiques et entreprises privées doivent s’allier, notamment concernant les réglementations car ces dernières sont peu encadrées, ce qui entraîne le développement de « sous-marchés » illégaux : 60 % des médicaments consommés en Afrique sont contrefaits ou détournés des approvisionnements classiques. Autre frein au développement pharmaceutique sur le continent : les ressources humaines. En effet, l’Afrique ne dispose pas d’assez de ressources humaines pour développer son secteur pharmaceutique et les financements des entreprises locales ou panafricaines ne sont pas suffisants : peu investissent, voire pas, dans la recherche et le développement et dans la protection de la propriété intellectuelle. 

La Zleca, prélude d’un marché Pharma africain ? 

Avec la mise en place récente de la Zone de libre-échange continentale africaine, celle-ci pourrait permettre de résoudre certaines difficultés, notamment celles liées aux « petits marchés fragmentés ». Actuellement, les pays africains ne peuvent pas rivaliser avec les géants asiatiques ou américains, qui opèrent sur des marchés plus vastes et donc bénéficient d’économies d’échelle. Avec la Zleca et donc la création d’un marché commun africain, l’Afrique peut s’attendre à ce que les fabricants mondiaux de médicaments s’implantent sur le continent via des usines et des entreprises, ce qui entrainerait de nombreux bénéfices : formations et développement de compétences, accélération du transfert de technologie et création d’emplois. 

Pour permettre le développement d’une industrie pharmaceutique africaine et l’accès aux soins à tous, l’Afrique doit miser sur les marchés intégrés et mettre en place des politiques de facilitation du commerce intra-africain, faits déjà partiellement appliqués grâce à la Zleca. Des politiques adaptées, des investissements croissants ainsi qu’une harmonisation des systèmes réglementaires pourraient ainsi permettre à l’Afrique de fabriquer et produire ses propres médicaments à l’avenir. 

Sitographie : 

« Afrique : pourquoi l'industrie pharmaceutique est à investir », par Sylvie Rantrua, Le Point Afrique, publié le 24/11/2020, disponible ici

« [Tribune] Qu’attendons-nous pour exploiter l’énorme potentiel de l’industrie pharmaceutique en Afrique ? », Par Larabi Jaïdi, Jeune Afrique, publié le 17/02/2021 à 14h27, disponible ici

« Une industrie pharmaceutique africaine pour répondre aux besoins du continent ? », Nations Unies, par Janet Byaruhanga, publié le 04/10/2020, disponible ici

« Vers une industrie pharmaceutique africaine », par Sévérine Charon et Laurence Soustras, Le Monde diplomatique, publié en décembre 2020, disponible ici
 

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